Deutsche Welle – En 1989, les troubles frontaliers entre la Mauritanie et le Sénégal ont entrainés le déplacement de nombreux mauritaniens. 30 ans après, ce sujet s’est imposé durant la campagne pour la présidentielle.
Maimouna Alpha Sy, 60 ans, est la veuve de Baba Baydi Alassane, lieutenant des douanes, arrêté le 26 novembre 1990 et tué le 27 à la brigade de gendarmerie du quartier Cansado de Nouadhibou.
Elle est aussi la secrétaire générale du Collectif des veuves. Elle et sa coépouse ont reçu de l’Etat mauritanien 5.000 euros en 2009 dans le cadre d’un processus de règlement.
Pour Maimouna, il ne s’agit guère d’une indemnisation. Elle estime que « c’est une aide sociale transformée en indemnisation. » Pour nous, ajoute-t-elle « ce qui est le plus important, c’est la justice, le jugement des responsable de ces crimes. »
Plus de 200 ayants droit des victimes ont reçu chacun entre 2.500 et 5.000 euros des autorités mauritaniennes. A la remise de cette somme, ils ont signé un accord dans lequel ils s’engagent à ne pas porter plainte contre les responsables de la mort de leur époux ou pères. Pour certaines associations de défense des droits de l’homme, c’est un chantage sans aucune valeur.
Au lendemain de ces remises de sommes d’argent, une prière à la mémoire des victimes a été organisée à Kaédi, ville située à 400 kilomètres au sud de Nouakchott, au bord du fleuve Sénégal. Pour les autorités mauritaniennes, cette prière a clôt le dossier du passif humanitaire. Maimouna n’est pas d’accord. « Tant que la vérité, tant que la justice, tant que le devoir de mémoire ne sont pas faits, pour nous le dossier est toujours là. »
En 1993, l’Assemblée nationale mauritanienne a voté une de loi amnistiant les auteurs des infractions commises entre 1989 et 1992.
Aboubekry Gueye est étudiant et secrétaire général du Collectif des orphelins du passif humanitaire. Son père a été tué quand il avait huit mois.
À l’adresse des autorités mauritaniennes, il a quatre exigences. « Le devoir de vérité, de justice, de mémoire et de réparation, c’est ça notre combat aujourd’hui », explique Aboubekrine.
Pour le règlement de ce passif humanitaire, plusieurs partis politiques et organisation de défense des droits de l’homme plaident pour une commission vérité réconciliation. Seront-ils entendus par le nouveau président mauritanien qui sortira des urnes le 22 juin ?
Des ONG mauritaniennes et Amnesty International demandent aux candidats à la présidentielle du 22 juin en Mauritanie de signer 12 engament pour protéger les droits humains. Le premier de ces 12 engagements : METTRE FIN À L’IMPUNITÉ par l’abrogation de la loi de 1993 qui accorde l’amnistie aux responsables présumés d’exactions, de torture, de détention illégale, d’exécutions extrajudiciaires et d’expulsions en masse d’Afro-Mauritaniens.
Diagana Khalilou
Source : Deutsche Welle (Allemagne)