FONADH – Les autorités mauritaniennes vont organiser «une marche contre l’extrémisme violent et le discours haineux» le mercredi 09 janvier 2019, alors que le pays connait depuis plusieurs années une crise profonde qui divise très fortement la population mauritanienne. Plusieurs initiatives de dialogue national pour trouver un consensus sur les questions de gouvernance démocratique ont été menées sans succès.
Par ailleurs, le pays est confronté à une forte contestation de la part des organisations des droits de l’homme et des mouvements citoyens et communautaires qui revendiquent plus de justice et d’équité dans le partage du pouvoir et de justice, notamment entre les communautés, la valorisation de leur identité et une reconnaissance plus forte de leur citoyenneté.
Face à une telle contestation, les pouvoirs publics ont choisi d’ignorer ces revendications et d’y répondre par des actions d’intimidations et de répression. Le pays continue d’enregistrer de violations graves de droits humains, en dépit de déclarations officielles. En effet, l’esclavage et ses séquelles continue d’empoisonner la vie de milliers de citoyens, en dépit de l’adoption de la loi l’incriminant et de la mise en place de tribunaux spéciaux y relatifs.
Quant au crime de génocide contre les populations négro – africaines des années quatre vingt-quatre vingt douze, il continue d’être ignoré avec mépris par les autorités mauritaniennes. Pire, les victimes et ayants droit n’ont même pas le droit de réclamer la justice.
D’une façon plus générale, la situation des droits humains ne cesse de se détériorer, de nombreux citoyens sont quotidiennement victimes de discrimination et ne peuvent pas avoir accès aux pièces d’état civil, les rafles arbitraires dans les quartiers périphériques.
Cette discrimination touche de façon plus marquée les communautés noires qui sont exclues des postes de décision, de l’armée, instituions éducatives telles que : les écoles d’excellence les réduisant à des catégories de seconde zone.
Compte tenu de cette situation, les militants et responsables des organisations membres du FONADH :
– invitent le gouvernement mauritanien à mettre en pratique ses engagements en matière de droits humains, notamment en ce qui concerne l’esclavage et le « passif humanitaire » ;
– restent fermement convaincus que le respect des droits humains est une condition sine qua non pour la construction d’un Etat moderne, où tous les citoyens vont vivre ensemble dans la dignité ;
– estiment que la solution réside dans un dialogue national qui implique tous les acteurs afin de trouver des solutions consensuelles dont l’application assure la préservation de la paix et la consolidation de l’unité nationale.
La lutte contre la violence sous toutes ses formes (verbale, physique, comportementale morale) a été et restera toujours au cœur du combat de FONADH.
Nouakchott, le 07 janvier 2019
Les signataires :
Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH),
Collectif des Anciens Fonctionnaires de la Police Victimes des Evénements de 1989
Collectif des Rescapés, Amnistiés, Détenus Politiques Civils Torturés(CRADPOCIT)
Collectif des Veuves,
Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie(CSVVDHM),
Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES-Mauritanie),
Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie),
Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE),
SOS – Esclaves,
Association des Femmes Chefs de familles (AFCF),
Association de la Femme Citoyenne Engagée (AFCE)
Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE (AMPLCS),
Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM),
Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC),
Association pour le Développement Intègre de L’Enfant (APDE),
Association pour la Promotion de la Langue Wolof en RIM (APROLAWORIM),
Association d’Appui au Développement à la Base (SALNDOU).
Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH),
Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal (UNRMS)