AMI – Depuis quelques temps maintenant notre atmosphère politique et sociale est polluée à saturation de discours de haine et de mépris social au point qu’il devient primordial d’engager toutes les formes, admises, de lutte contre le racisme et les discours de la haine et de la provocation.
Il me semble que plus personne, dans nos collectivités locales, dans la société civile, ne doit négliger l’enjeu que ces questions représentent désormais dans notre pays. Devant la résurgence d’un tel phénomène qui charrie au quotidien des discours et des invectives profanées par des prédicateurs de haine et des officines idéologiques, en mal de crédit social, notre pays ne peut tolérer aucune zone de non-droit.
Il ne peut davantage accepter de zones où le respect de nos valeurs sociétales n’aurait pas sa place : l’injure raciste n’est tolérable nulle part dans notre pays. En matière de racisme, aucune parole, aucun acte n’est anodin.
Un peu d’Histoire…
Depuis son accession à la souveraineté nationale, notre pays a parcouru de longs chemins, le plus souvent dans la tourmente.
Tout au début, le combat était existentiel mais les résultats obtenus par les pères fondateurs étaient au-delà des résultats attendus : la reconnaissance de notre pays au sein du système des nations unies, le retrait des revendications territoriales sur notre pays, et plus tard (1973) son admission au sein de la ligue arabe.
Dans le domaine diplomatique et politique, la Mauritanie s’était même forgé une place de leadership au sein de l’ensemble africain et du Tiers Monde. On disait même que le pays jouait un rôle largement supérieur à ses dimensions diplomatique, politique et économique.
Au niveau du développement social et économique, notre pays, en dépit de ses moyens limités et des politiques de développement, presque entièrement conçues par l’ancienne puissance colonisatrice, a satisfait aux besoins de ses citoyens. Jusqu’au début des années 70 et sous l’effet de nouvelles revendications pour exiger plus de souveraineté sur le plan économique et dans la gestion des affaires de l’Etat : révision des accords avec la France, création de la monnaie nationale, nationalisation de la Miferma (société à capitaux principalement français, considérée comme un Etat dans l’Etat). Une embellie qui ne dura pas longtemps.
Puis vint le Guerre du Sahara. Une guerre qui a engagé les militaires mauritaniens, issus de toutes nos races, de toutes nos couches sociales et de toutes nos ethnies. Notre propos ne se pose des questions sur la nature de cette guerre, sur ses raisons d’être et sur ses conséquences. Elle est volontairement évoquée pour souligner que les militaires mauritaniens, toutes races et toutes conditions socioéconomiques confondues, sous allés sur le front dans un esprit, dans une armée et sous un drapeau républicain.
Durant tout ce temps et dans toutes ses conditions les mauritaniens ont vécu en parfaite harmonie. Jamais un incident n’est venu perturber cette symbiose ; pas même la guerre, ni les problèmes des langues assimilés souvent à l’identité culturelle de leurs locuteurs. Une analyse des événements les plus douloureux que notre histoire ait connus, événements douloureux et tragiques des année 90 (et j’évite tout euphémisme), montre que le peuple mauritanien comprend et vit son unité nationale en dehors des discours provocateurs et racistes d’où qu’ils viennent.
La gestion de cette crise par les autorités issues des changements politiques de 2008 montre qu’il existe et a toujours existé un Etat qui, à chaque moment charnière de la vie de notre pays, incarne l’expression collective pour que l’avis et la vie de chacun de ses citoyens comptent. Il suffit de revisiter nos annales historiques et suivre le parcours de nos différents régimes politiques (civils ou militaires), dans des conditions normales ou d’exception pour comprendre que ce que nous vivons aujourd’hui dépasse tout entendement.
…Et Aujourd’hui
L’apologie de la violence physique et verbale, l’appel du pied, vraiment cru, aux épisodes les plus criminels et destructeurs vécus par notre continent et leur évocation pour illustrer leur pertinence par rapport à notre contexte national traduiraient – ils l’existence de projet délibéré et volontaire dont les auteurs s’assument pour la destruction du socle unificateur de notre Nation ?
Non, la Mauritanie mérite mieux. Le peuple mauritanien, dans toutes ses composantes, refuse l’amalgame. Le peuple estime qu’il n’a point de tuteurs, hormis ceux qu’il s’est librement choisis. Les hommes politiques aigris, à mal de popularité et qui estiment que leur appartenance ethnique, raciale ou socioéconomique à une communauté leur confère, de facto et de juré, une ascendance au nom de laquelle ils appellent à l’injure et à la haine raciale doivent faire profil bas.
Autrement, ils contribuent (j’allais dire ils provoquent) une évolution anarchique et dangereuse dont les premières victimes sont les catégories les plus vulnérables de notre société, toutes communautés confondues. Et de la sorte, ils auront assuré la promotion d’une dévolution anachronique d’un système qu’ils s’autorisent ainsi, sans le vouloir, peut-être, à perpétuer au grand mépris de l’intérêt du peuple mauritanien.
En conclusion la lutte contre les contenus racistes et démagogues des détracteurs de l’unité nationale passe, à mon sens, par une déconstruction du discours de leurs promoteurs. Mais aussi par des poursuites contre les auteurs de ces mêmes messages conformément aux lois de la République. Il s’agit donc à la fois de promouvoir un contre-discours efficace et d’initier et rendre la sanction davantage effective.
Source : Agence Mauritanienne d’Information